Opéra en trois actes
Composé en 1917
3332/4332/12/1/
cordes, solistes et choeurs
Le texte d’Armas Launis s’appuie sur la pièce Kullervo d’Aleksis Kivi (1864), le Kalévala, la Kantélétar et la pièce en vers d’Eino Leino : Le Cygne de Tuonela (1898)
Première à l’Opéra finlandais le 28 février 1917
Présentation
Launis a toujours voulu être un compositeur d’opéras. Après Les sept frères, il s’est intéressé au thème de Kullervo. Dans ce nouvel opéra, les lignes mélodiques sont plus unies. Le livret est également plus réussi que le précédent. Du point de vue dramatique, l’œuvre est plus souple et plus cohérente. Dans Kullervo (1917) – comme dans toute l’œuvre de Launis – on trouve au fond un fort sillon folklorique ; dans les deux premiers opéras, il est national et, dans les suivants, les influences sont issues des traditions de différents peuples.
Le langage musical des arias de Kullervo représente le style romantique national. Il fait penser avant tout à la musique de Toivo Kuula ou d’Oskar Merikanto – certes, à son expression manque la volubilité caractéristique de Merikanto. Le solo de la trompe de berger du début et les appels au début du 2e acte ont été influencés par les expériences vécues au cours des collectes des mélodies populaires.
Livret
Le texte d’Armas Launis est fondé sur la pièce Kullervo d’Aleksis Kivi (1864), le Kalévala, la Kantélétar et la pièce en vers d’Eino Leino : Le Cygne de Tuonela (1898).
Action
Personnages : Kullervo, esclave d’Ilmari (baryton), Kimmo, esclave d’Ilmari (basse), Kalervo, père de Kullervo (basse), mère de Kullervo (mezzo-soprano), Ainikki (rôle muet) et Kelmä, sœurs de Kullervo (soprano), Unto, frère de Kalervo (rôle muet), Ilvo, maîtresse d’Ilmari ; camarades de guerre de Kullervo Tiera (basse comique), Käpsä (ténor), Viksari (baryton) et Tiimanen (ténor) ; Nyyrikki, oiseleur (ténor comique), 1er homme d’Ilmari (baryton), 2ème homme d’Ilmari ténor), elfes : Sinikki (soprano), Tuulikki (soprano) et Tellervo (alto) ; gens du Mal : Ajatar (alto), Remunen, Vierge de la Mort, Syöjätär, Turja et trolls (rôles parlés) ; elfes, nymphes, domestiques d’Ilmari, hommes d’Unto, autres gens.
L’action se déroule sur une colline boisée près d’Ilmala, à la ferme de Kalervo au bord du lac de Kalalampi, dans la cour d’Untola et dans une forêt près d’Untola.
1er acte
À cause d’un litige ancien, Kullervo, fils de Kalervo, a été vendu comme esclave. Le frère de Kalervo, Unto, a détruit la famille de Kalervo, et Kullervo jure de se venger de son oncle. Le vieil esclave de Kalervo, Kimmo, lui conseille de ne pas commettre de meurtre et révèle qu’il s’est une fois vengé en assassinant en secret un homme d’Unto. L’aveu de l’assassinat met Kullervo en colère et il menace d’étrangler Kimmo. Celui-ci arrive à grand-peine à le calmer et Kullervo rejoint son troupeau.
Kimmo apprend de l’oiseleur Nyyrikki que les parents de Kullervo sont toujours vivants dans une forêt lointaine. En mangeant, Kullervo casse son couteau, seul souvenir de son père ; la maîtresse d’Ilmari a mis une pierre dans son pain. Kullervo veut se venger de sa patronne Ilvo et invoque Ajatar, l’esprit du Mal des forêts qui, avec des incantations, envoie des prédateurs détruire les troupeaux d’Ilvo (« Lève-toi, la forêt avec ton bétail »). Ilvo l’invective violemment et quand, dans sa colère, elle traite Kullervo d’esclave, celui-ci la tue et quitte le pays.
2e acte
La famille de Kalervo vivote dans une grande misère à Kalalampi. Ainikki , une de leurs deux filles, a disparu. L’autre, Kelmä, rentre pleine d’espoir parce que les habitants du voisinage viennent les aider à la rechercher. Kelmä essaie de se souvenir de sa sœur en chantant l’aria (Nous sommes deux belles) et la mère et le père se joignent à elle. Kullervo arrive chez ses parents sans savoir qui ils sont. Il raconte son crime et, grâce au témoignage de Kimmo, les parents terrifiés reconnaissent leur fils dans ce meurtrier. La tendresse l’emporte chez la mère. Elle prend son fils dans les bras et chante une berceuse (« Tuutilullaa, mon beau trésor, tête bouclée et blonde… ») Quand le père furieux chasse Kullervo, celui-ci avoue un autre crime. Sans le savoir, il a déshonoré sa sœur. Au même moment, on amène le cadavre d’une jeune fille qui s’est jetée à l’eau et s’est noyée. La mère se met à pleurer et la foule se joint avec force à cette lamentation (« Mon image à moi est morte »). Kullervo, maudit par son père, s’en va en guerre malgré les prières ardentes de sa mère. Il voulait mener à bonne fin sa vengeance, parce que l’origine de tout ce mal, Unto, vit toujours. Après son départ, la mère écrasée par le chagrin, meurt dans les bras de Kelmä.
3e acte
Kullervo accomplit sa menace de vengeance, tue Unto et brûle sa maison. Mais la joie de la vengeance s’est transformée en horreur. Dans les reflets de l’incendie, il voit tous ses crimes. Tourmenté par le remord, il s’en va et retourne sur le lieu de son premier crime. Il sort son épée du fourreau et se transperce avec elle.
Représentations
Première à l’Opéra finlandais le 28 février 1917. L’œuvre a été donnée en France à la radio en 1938, 1940, 1947 et au Palais de la Méditerranée (Nice) sur scène en 1940.