Aslak Hetta

Opéra en trois actes, composé en 1922 (1930). Livret du compositeur. Le mélodrame du début et la Chanson de la Fée du soleil sont extraits du poème  de Larin Kyösti (1909).

3332 4331 12 1 

cordes, chœurs, solistes

Première et enregistrement  le 17 mars 2004 (Finlandia, RSO, Sakari Oramo, ONDINE – ODE 1050-24)

Présentation

En 1922, Armas Launis fit son troisième voyage dans la Laponie de sa jeunesse, cette fois parmi les Skolts et avec son épouse Aïno. La même année, il publie son livre Kaipaukseni maa. Lapinkävijän muistoja (Mon pays désiré. Souvenirs d’un voyageur en Laponie) et compose son opéra Aslak Hetta. L’opéra a dû longtemps attendre d’être créé, en partie à cause de ses parties vocales très exigeantes. Entre temps, Launis fait traduire le livret en français, en allemand et en italien et fait publier la partition pour piano en 1930. La première a lieu en mars 2004, après la réédition de la partition, grâce aux subventions des fondations culturelles finlandaises.

L’opéra raconte l’histoire d’Aslak Hetta, héros national des Sami norvégiens qui, en 1852,  a provoqué une insurrection populaire malheureuse contre la domination norvégienne. Launis y a inclus des faits et des fictions – autour du thème romanesque de la tragique histoire d’amour d’Aslak et de la jeune Finlandaise, Agni.

L’œuvre est plus  dramatique que les opéras précédents et sa création à Helsinki en 2004 a été louée unanimement par la critique. Dans la musique, on trouve des influences de Wagner, Strauss et Puccini, mais un effet particulier dans le langage musical est créé par les joigs archaïques des Sami que le compositeur utilise comme des sortes de leitmotivs. Au cours de ses voyages de collecte, Launis avait noté huit cent joigs (Lappische Juoigus-Melodien, 1908) qui jouent encore aujourd’hui un rôle important dans la recherche sur la musique des peuples primitifs. Le dramatisme musical et scénique est renforcé également par une foule de piétistes fanatiques.

Livret

Le livret de Launis s’appuie sur l’échec, en 1852, d’un soulèvement populaire des Sami en Laponie norvégienne dont les meneurs furent exécutés. Launis a adapté les événements librement en ajoutant des éléments fictifs.

Action

L’action se déroule devant la hutte de Lanni à Kautokeino et dans le bourg de Kautokeino. 

Personnages : Nalta Lanni, chaman célèbre (basse), Aslak Hetta, son fils adoptif (ténor),

Unna, fille de Lanni (soprano), Agneta,  voyageuse finlandaise (mezzo-soprano), Agni, sa nièce, fiancée du bailli Bucht (soprano), Nilla Staggo, prêcheur laïc Sami (ténor), Henrik Lyckselius, pasteur (basse), Amund Bucht, bailli (baryton), Hans Ruth, commerçant (ténor), Kadja Joussa, valet du bailli (ténor), un officier norvégien (baryton), deux bergers de rennes (alto et basse), un narrateur  (rôle parlé) et la voix d’un clamant (ténor).

1er acte

En route vers le bourg de Kautokeino Agneta et Agni arrivent dans la cour de Lanni. Aslak, qui rêve de libérer son peuple de la domination norvégienne avec l’aide des piétistes fanatiques, promet de guider ces dames au bourg le lendemain. La foule des piétistes passe dans la cour et brûle ses livres sacrés. Aslak confesse à Agni ses rêves de libération. Agni se sent dès le début attirée par Aslak. Lanni, qui souhaite qu’Aslak épouse sa fille, s’agenouille devant le dieu en pierre des Sami en marmonnant des paroles magiques.

2e acte

Agni, avec sa tante, est arrivée au bourg où le commerçant et le pasteur se sont également réunis pour célébrer les fiançailles du bailli. Les gens du village font la fête et proposent des toasts dans une ambiance de plus en plus festive. Agni remarque que ses sentiments envers le bailli se sont refroidis et s’en va rejoindre Aslak. Celui-ci lui révèle son projet. Agni soupçonne le pire et envoie un message à la garnison des Norvégiens. Les piétistes arrivent, emprisonnent les Norvégiens et mettent le feu à la maison du bailli sans se soucier des efforts d’Aslak pour les calmer.

3e acte

Lanni, en transe, est allé demander conseil aux ancêtres et a reçu l’ordre de ne pas faire couler le sang. Aslak a également consenti à une solution pacifique. Agni essaie de libérer les prisonniers norvégiens. Aslak croit qu’elle l’a trahi et la repousse. Quand l’aube blanchit, Lanni et les piétistes arrivent. Ces derniers veulent exécuter les prisonniers et tuer également Aslak et Lanni qui ont refusé l’effusion de sang. Les soldats norvégiens, avertis par Agni, interviennent et une bagarre éclate. Les soldats écrasent la révolte et Aslak paie de sa vie sa tentative. Agni, blessée dans les combats,  expire à côté du corps d’Aslak. Le malentendu final entre les amants accentue le tragique de l’œuvre.