Opéras
Œuvres pour orchestre
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Œuvres pour instrument seul
Œuvres pour chœur mixte à cappella
Mélodies et duos
Œuvres pour chœur à une voix et piano
Musiques de film et de scène

Opéras
Les sept frères (1913)
Kullervo (1917)
Aslak Hetta (1922)
Le chant de la sorcière (1934)
L’été qui ne vint jamais (1936)
Le foulard carélien (1937)
Jéhudith (1937-1940)
Il était une fois (1939)
Théodora (1939)
Les flammes gelées (1957)
Les sept frères

Opéra comique en quatre actes
Composé en 1913
3332/4331/21/1 cordes, chœurs et solistes
Le texte d’Armas Launis est fondé sur le roman Les sept frères (1873) d’Aleksis
Kivi
Première le 11 avril 1913 à l’Opéra finlandais.

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Présentation

La volonté d’imposer la langue finnoise a été accomplie dans l’opéra Les sept
frères (1913) d’Armas Launis. Launis fut le premier compositeur à mettre la
langue finnoise au service du récitatif. Le roman d’Aleksis Kivi, paru en 1870,
convenait parfaitement à cet objectif. Launis a essayé de suivre le chant parlé
très systématiquement : le discours est fluide et les chanteurs doivent chercher
une récitation naturelle et un ton populaire, y compris dans les accents des
mots et des phrases.

Personne n’a nié l’intérêt de ce nouvel opéra, mais le traitement parlé des
parties vocales a provoqué l’opposition de nombreux auditeurs à cause de
l’absence presque totale d’un élément mélodique indépendant. Launis avait en
tout cas créé un nouveau langage original dans le drame musical qui n’avait
aucun équivalent international direct. Ainsi le chant parlé des opéras de Leoš
Janáček utilise le rythme et la sonorité de la langue seulement comme un point
de départ et les élabore musicalement.

Launis fut pionnier aussi en composant, avec Les sept frères, le premier opéra
comique finlandais. Les critiques d’époque ont, certes, trouvé la partie
orchestrale trop sérieuse et monotone par rapport aux tournures cocasses du
texte. On aurait également souhaité des tempos plus rapides pour les dialogues
animés. Launis a écrit lui-même le livret de l’opéra.

En composant Les sept frères, Launis avait pris un risque considérable. Le
roman de Kivi est, partiellement, écrit avec des dialogues et, structurellement,
il est très moderne. Même sur une scène de théâtre, son action est difficile à
réaliser. Il est donc étonnant qu’un jeune compositeur ait écrit son premier
opéra de plus de quatre heures sur ce sujet dramatiquement difficile. Le tout est
en effet dispersé et l’intrigue et la psychologie ne sont pas totalement porteuses
jusqu’à la fin. L’œuvre a été ensuite reprise sous une forme abrégée.

La réception de l’œuvre était fortement liée aux courants intellectuels de
l’époque. Alors que, dans les cercles littéraires, on se demandait si le roman de

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Kivi était une description réaliste du paysan finlandais du milieu du 19 ème
siècle, les cercles musicaux débattaient pour savoir si la langue parlée
convenait à l’opéra. L’œuvre de Launis n’a pas la même importance dans l’art
lyrique finlandais que le roman de Kivi dans la littérature. Mais il faut
toutefois apprécier sa volonté d’un renouveau sans préjugés, qui est d’ailleurs le
reflet de sa personnalité de compositeur. Le changement de langage musical
d’un opéra à l’autre est exceptionnellement frappant.

Livret

Le texte d’Armas Launis est fondé sur le roman Les sept frères (1870) d’Aleksis
Kivi.

L’action

Personnages : Les frères de Jukola Juhani, 25 ans (baryton), Tuomas (basse),
Aapo (baryton), Simeoni (ténor comique), Timo (ténor), Lauri (ténor) et Eero,
18 ans (ténor) ; chantre (basse), commissaire (rôle parlé), la vieille de
Männistö (rôle parlé), Venla, sa fille (soprano) ; villageois de Toukola; Aapeli
de Kissala, clarinettiste, et Eenokki de Kuninkala (barytons) ; Mikko de
Rajamäki, violoneux, tanneur, sa femme, leurs enfants (rôles muets), fils et
filles de Toukola et autres gens.
L’action se déroule en Tavastie au milieu du 19 ème siècle.
1 er acte
Les sept frères ont hérité de la ferme de Jukola qui est en train de se délabrer
sérieusement. Ils décident de changer leur mode de vie et de chercher une
fermière. Ils sont pourtant tous tombés amoureux de la même fille, leur voisine
Venla. Ils veulent, en se battant, savoir qui va épouser Venla mais pensent,
finalement, que c’est à elle de décider. Ils se rendent de concert demander sa
main. Le résultat est malheureux, elle les refuse tous. Ils imaginent que Venla
ne les veut pas à cause de leur illettrisme. Donc, ils décident d’acquérir les
rudiments de l’alphabet et se rendent auprès du chantre, également maître de
l’école du village.
2 ème acte

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Les leçons du chantre, malgré remontrances et punitions, ne donnent pas de
résultats. Le chantre fâché finit par chanter tout seul les lettres de l’alphabet (A,
B, C etc.) Seul le benjamin, Eero, plein d’entrain, arrive à épeler les lettres. Les
autres restent toujours à A. Le chantre, désespéré, les laisse dans la salle
fermée à clé pour la pause de goûter. Les hommes affamés se jettent sur la
collation. En même temps, on entend dehors la clarinette d’Aapo de Kissala et
le chant des jeunes hommes de Toukola qui se moquent des frères (« La force
de sept hommes »). Les bonnes décisions s’envolent. La ferme sans fermière,
les études inachevées et les railleries des voisins les rendent furieux. Ils
décident de quitter leur maison natale et de se retirer dans des forêts lointaines.
Ils cassent la vitre et s’enfuient de la salle fermée par le chantre.

Dans la région inhabitée les frères se sentent seuls et tristes. Le récit d’Aapo sur
« la vierge blême » de la colline (« Jadis dans les grottes de cette colline
habitait… ») rend superstitieux les frères, effrayés par un œil qu’ils voient dans
l’obscurité. Ils essaient d’éloigner ce « messager du diable » avec des
incantations, avant de se rendre compte que l’œil n’est que celui de leur cheval
borgne. Quand les hommes se baignent dans l’étuve, l’eau se tarit et Juhani dit à
Aapo de jeter de la bière sur le poêle. Après une bagarre entre eux, le feu se
déclare, mais les hommes sont sauvés.
3 ème acte
En coulisse, on entend la Chanson des chasseurs (« Salut la forêt, salut la
colline »). Le gibier, au fil des années, s’est raréfié. On a envoyé Simeoni et
Eero dans la ville pour vendre des ustensiles. Ils rentrent dans un état
misérable, ils ont bu tout l’argent gagné. Pour échapper à une correction.
Simeoni invente l’histoire de son voyage dans la lune en compagnie de Lucifer
en personne et il corse son récit de perspectives affreuses (« A peu près de ma
taille… ») Les frères effrayés décident de retourner dans la vie normale.
4 ème acte
En cours de route vers l’église, les frères découvrent une vente aux enchères
dans la cour de Tammisto. Quand Juhani s’étonne qu’on « ose faire une vente le
dimanche, jour de fête », les frères sont tournés en ridicule. Ils se mettent en
colère et une bagarre éclate. Mais elle ne se prolonge pas car le chantre arrive.

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Il calme les frères qui invitent les gens réunis à une fête de réconciliation à
Jukola.
Les frères arrivent dans la cour de la ferme délabrée de Jukola. Ils saluent leur
maison natale avec ferveur. Juhani évoque leur mère (« Ô, si seulement la mère
vivait encore »). Le chantre prononce un beau discours débordant de ferveur
(« Diable »). Pour finir, tout le village célèbre les fiançailles de Juhani et Venla.

Représentations
Première le 11 avril 1913, Opéra finlandais et Théâtre national (Armas
Maasalo)
1914, Festival de chant de Kuopio
1923, Opéra finlandais (Tauno Hannikainen)

Kullervo
Opéra en trois actes Composé en 1917
3332/4332/12/1/cordes, solistes et choeurs
Le texte d’Armas Launis s’appuie sur la pièce Kullervo d’Aleksis Kivi (1864),
le Kalévala, la Kantélétar et la pièce en vers d’Eino Leino : Le Cygne de
Tuonela (1898)
Première à l’Opéra finlandais le 28 février 1917

Présentation

Dès le début, Launis a voulu être un compositeur d’opéras. Après Les sept
frères, il s’est intéressé au sujet de Kullervo. Dans son nouvel opéra, les lignes
mélodiques sont plus unies qu’auparavant. Le livret est également mieux réussi
que le précédent. Dramatiquement, l’œuvre est plus souple et plus cohérente.
Dans Kullervo (1917) – comme dans toute l’œuvre de Launis – on trouve au
fond un fort sillon folklorique ; dans les deux premiers opéras, il est national
et, dans les suivants, les influences sont issues des traditions de différents
peuples.

Le langage musical des arias de Kullervo représente le style romantique
national. Il fait penser avant tout à la musique de Toivo Kuula ou d’Oskar

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Merikanto – certes, à son expression manque la volubilité caractéristique de
Merikanto. Le solo de la trompe de berger du début et les appels au début du
2 ème acte ont été influencés par les expériences vécues au cours des collectes
des mélodies populaires.

Livret

Le texte d’Armas Launis est fondé sur la pièce Kullervo d’Aleksis Kivi (1864),
le Kalévala, la Kantélétar et la pièce en vers d’Eino Leino : Le Cygne de
Tuonela (1898).
L’action
Personnages : Kullervo, esclave d’Ilmari (baryton), Kimmo, esclave d’Ilmari
(basse), Kalervo, père de Kullervo (basse), mère de Kullervo (mezzo-soprano),
Ainikki (rôle muet) et Kelmä, sœurs de Kullervo (soprano), Unto, frère de
Kalervo (rôle muet), Ilvo, maîtresse d’Ilmari ; camarades de guerre de Kullervo
Tiera (basse comique), Käpsä (ténor), Viksari (baryton) et Tiimanen (ténor) ;
Nyyrikki, oiseleur (ténor comique), 1 er homme d’Ilmari (baryton), 2 ème homme
d’Ilmari ténor), elfes : Sinikki (soprano), Tuulikki (soprano) et Tellervo (alto) ;
gens du Mal : Ajatar (alto), Remunen, Vierge de la Mort, Syöjätär, Turja et
trolls (rôles parlés) ; elfes, nymphes, domestiques d’Ilmari, hommes d’Unto,
autres gens.
L’action se déroule sur une colline boisée près d’Ilmala, à la ferme de Kalervo
au bord du lac de Kalalampi, dans la cour d’Untola et dans une forêt près
d’Untola.
1 er acte
A cause d’un litige ancien, Kullervo, fils de Kalervo, a été vendu comme
esclave. Le frère de Kalervo, Unto, a détruit la famille de Kalervo et Kullervo
jure de se venger de son oncle. Le vieil esclave de Kalervo, Kimmo lui
conseille de ne pas commettre de meurtre et révèle qu’il s’est une fois vengé en
assassinant en secret un homme d’Unto. L’aveu de l’assassinat met Kullervo en
colère et il menace d’étrangler Kimmo. Celui-ci arrive à grand-peine à le
calmer et Kullervo rejoint son troupeau.

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Kimmo apprend de l’oiseleur Nyyrikki que les parents de Kullervo sont
toujours vivants dans une forêt lointaine. En mangeant, Kullervo casse son
couteau, seul souvenir de son père ; la maîtresse d’Ilmari a mis une pierre dans
son pain. Kullervo veut se venger de sa patronne Ilvo et invoque Ajatar, l’esprit
du Mal des forêts qui, avec des incantations, envoie des prédateurs détruire les
troupeaux d’Ilvo (« Lève-toi, la forêt avec ton bétail »). Ilvo l’invective
violemment et quand, dans sa colère, elle traite Kullervo d’esclave, celui-ci la
tue et quitte le pays.
2 ème acte
La famille de Kalervo vivote dans une grande misère à Kalalampi. Ainikki ,
une de leurs deux filles a disparu. L’autre, Kelmä, rentre pleine d’espoir parce
que les habitants du voisinage viennent les aider à la rechercher. Kelmä essaie
de se souvenir de sa sœur en chantant l’aria (Nous sommes deux belles) et la
mère et le père se joignent à elle. Kullervo arrive chez ses parents sans savoir
qui ils sont. Il raconte son crime et, grâce au témoignage de Kimmo, les
parents terrifiés reconnaissent leur fils dans ce meurtrier. La tendresse
l’emporte chez la mère. Elle prend son fils dans les bras et chante une berceuse
(« Tuutilullaa, mon beau trésor, tête bouclée et blonde… ») Quand le père
furieux chasse Kullervo, celui-ci avoue un autre crime. Sans le savoir, il a
déshonoré sa sœur. Au même moment, on amène le cadavre d’une jeune fille
qui s’est jetée à l’eau et s’est noyée. La mère se met à pleurer et la foule se joint
avec force à cette lamentation (« Mon image à moi est morte »). Kullervo,
maudit par son père, s’en va en guerre malgré les prières ardentes de sa mère. Il
voulait mener à bonne fin sa vengeance, parce que l’origine de tout ce mal,
Unto, vit toujours. Après son départ, la mère écrasée par le chagrin, meurt dans
les bras de Kelmä.
3 ème acte
Kullervo accomplit sa menace de vengeance, tue Unto et brûle sa maison. Mais
la joie de la vengeance s’est transformée en horreur. Dans les reflets de
l’incendie, il voit tous ses crimes. Tourmenté par le remord, il s’en va et
retourne sur le lieu de son premier crime. Il sort son épée du fourreau et se
transperce avec elle.

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Représentations
Première à l’Opéra finlandais le 28 février 1917. L’œuvre a été donnée en
France à la radio en 1938, 1940, 1947 et au Palais de la Méditerranée (Nice)
sur scène en 1940.